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05/06/2006

Mali part 4: sur la route de Tombouktou.

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400 kilomètres entre Mopti et Tombouktou, dont 200 de piste: 7 heures de route !
Nous sommes partis tôt ce matin avec Dramane le jeune chauffeur et son vieux 4X4 (vieux mais fiable!).
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 Malgré la chaleur nous devons rouler les fenêtres presque fermées, car le sable dessèche tout et s'infiltre partout, de plus Dramane roule vite, je ne pensais pas que l'on puisse rouler si vite sur une piste aussi défoncée, il a de trés vifs et bons reflexes pour slalomer entre les ornières énormes ou éviter de s'ensabler. Dramane nous explique que la piste est belle, et qu'il n'y a pas si longtemps qu'elle existe, avant il fallait rejoindre Tombouktou au "feeling" !!
Tout ce désert à traverser est innondé pendant la "bonne saison": la saison des pluies. On a beaucoup de mal à l'imaginer..... La seule preuve tangible pour visualiser tous ces kilomètres de désert en immensité d'eau, ce sont les nombreuses termitières: elles sont trés hautes et rongées à leur base d'une façon qui ne peut être fait que par le travail de l'eau....
Pour prendre la piste il faut prévoir des bidons d'eau en quantité supérieure à notre nécéssité, et nous allons vite comprendre pourquoi:
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Nous allons rencontrer 4 camions en panne ! À chaque fois Dramane s'arrête, bien sur. Il leur laisse de l'eau quand il ne peut pas réparer leur camion, car Dramane est un trés bon mécanicien, je vais m'en rendre compte au fur et à mesure des dépannages: trés bon et consciencieux...Nous avons de la chance de l'avoir comme chauffeur!!
Il y a quelques rares villages, là un village de "Bela" :
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Ce qui ressemble tant à un désert est peuplé. Lors d'un arrêt pour un autre camion, le chauffeur expliquait à Dramane qu'il attendait depuis la veille les réparateurs, et qu'il avait de l'eau mais plus rien à manger, Dramane avait aussi prévu une belle quantité de mangues dont il lui a laissé une partie. Le chauffeur était tranquillement installé au bord de la piste, à l'ombre d'un arbre, 2 Touaregh l'avaient rejoint, ils prennaient le thé...... combien de temps, de jours lui faudrait-il attendre??? Cela n'avait pas l'air de l'inquiéter, il attend, c'est tout.....
Nous arrivons à ce qu'il reste du fleuve en cette saison, et nous allons le traverser avec le "bac":
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Sur le "bac" et comme partout en ville, des affiches de Kadafi qui était venu peu de temps avant lors d'un sommet africain se tenant à Tombouktou. Les avis sur le personnage sont trés partagés, d'aprés ce que j'ai pu constater.
Le Mali est une démocratie, mais l'Islam y est trés présent et l'excision trés courante ainsi qu'un genre d' écoles "islamiques" dans lesquels les enfants, aprés leurs heures de cours à apprendre par coeur les versets, doivent aller mendier dans la rue pour se nourrir et payer le Marabout....
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V.V

04/05/2006

Bamako Blues

Quelques rencontres avec des musiciens maliens.

 

A peine descendus de l'avion, on se retrouve à l'Académia. Un petit café dans la périphérie de Bamako. L'équivalent du Vanilla Café au Pré pour ceux qui connaissent. 30 personnes au grand maximum. Quelques musiciens commencent à chauffer la salle. Débarque Lobi Traoré, un bluesman malien dont nous avons un disque ici. Il vient juste de terminer son poulet grillé mangé dans la gargotte du coin de la rue et s'installe au milieu de ces musiciens. S'en suit 1h30 de blues du cru, lent, mélodieux, mais puissant malgré tout....un vrai bonheur. On ne pouvait espérer meilleure entrée en matière.
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Quelques jours plus tard, un ami malien nous emmène chez Toumani Diabaté, un maître de la Kora, comme cela, quasiment à l'improviste. Il est en train de répéter avec 20 musiciens car il part le lendemain en tournée en Europe (pour info, il sera le 11 mai au Cabaret Sauvage à Paris, nous y serons également). Il interrompt quelques minutes sa répétition pour nous recevoir. Il n'a pas vraiment le temps de répondre à nos questions mais propose un rendez-vous à Paris.

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Nous le laissons à sa répétition, déja très impressionnés qu'il nous ait accordé ces vingt minutes sporadiquement interrompues des sonneries de ses 2 téléphones portables. Les musiciens attendent, 2 ou 3 guitares, la basse, la batterie, les xylophones, les ngonis et autres djembés. Une unique kora, la sienne. Pour ceux qui souhaitent le découvrir, ce disque magnifique "in the heart of the moon" enregistré en 2005 avec Ali Farka Touré peu de temps avant la disparition de ce dernier.
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2 rendez-vous ratés également. Le premier avec Boubacar Traoré, dit Kar-Kar, l'un des précurseurs de la musique ne provenant pas des griots, dépositaires ancestraux des musiques traditionnelles. Malgré le rendez-vous donné par un membre de sa famille, Kar-Kar était aux champs, cultivant sa terre. Sa demeure est simple et son fils nous invite à l'attendre jusqu'à son retour de ses terres, à la tombée de la nuit. Etant en début d'après-midi, nous proposons de lui téléphoner dans la soirée. Le rappelant par l'intermédiaire d'un ami malien, il nous fait comprendre qu'il mène une vie simple aujourd'hui et ne souhaite pas spécialement parler de sa carrière. Nous n'insistons pas bien que notre ami promette qu'il nous recevra quand même si nous retournons le voir. Pas de forcing, juste la sensation de l'avoir froler. Et cela n'empèche en rien de continuer à se délecter de sa musique.
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Nous nous rendons ensuite chez Tiken Jah Fakoli, notre ami le connaissant personnellement. Il se repose, revenant le matin de Mopti et reprenant le soir même l'avion pour Paris. Même s'il ne faisait pas parti des musiciens que nous souhaitions rencontrer, la virulence de ses textes m'avait interpellé depuis mon périphérique parisien. Sa voix s'élève au dessus des autres pour denoncer les règles en vigueur dans les politiques africaines (dirigeants africains et occidentaux). Ceux qui s'interessent un minimum à l'Afrique ne peuvent pas lui donner tord. Très peu de poches extrèmement pleines, un maximum de poches complètement vides, sous le regard bienveillant de ceux pour qui nous votons et des patrons de multinationales qui les entourent. Heureusement que cette voix forte existe. Cela pourra-t-il durer, cela servira-t-il à une quelconque amélioration ????? Je regrète à postériori de ne pas avoir pu discuter de cela avec lui.
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Pour finir l'image de ce vieux musicien jouant au sein d'une petite formation chargée de mettre l'ambiance dans un hotel de la capitale. Cette dégaine, ce regard, la vielle Gibson élimée, et surtout cette impression que nous le rencontrerons à nouveau, certainement dans une boite de blues de la Nouvelle Orléans.
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Th. V

03/05/2006

MALI, Djenné


Nous prîmes l'avion pour aller de Bamako à Mopti et rejoindre Djenné en vieux 4 fois 4... l'avion était certes à hélices, mais il volait gracieusement et sans heurt !!!!!! et comme on devait faire encore d'autres trajets en avion, nous en fûmes fort soulagés.............

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En plus l'hotesse était si belle que je l'ai prise en photo ::
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C'est la saison sèche, le fleuve c'est évaporé et les habitants de la ville profitent de la boue fertile sous la croute de terre du lit du fleuve pour y cultiver leur potager et fabriquer des briques.
Les maisons de Djenné sont en briques de gadoue mélangée à de la paille et séchées au soleil.
A présent les briques sont faites à la "française" de forme rectangle, héritage de la colonisation; avant elles étaient rondes moulées à la main.
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Une fois les maisons construites en briques de terre, on les recouvre de boue protectrice (crépissage) que l'on doit renouveller chaque année.
Les "clubs" de toutes sortes ont une grande importance au Mali, ce sont des associations d'amis ou de relations, chacun participe financièrement à un "tronc commun", mais aussi en donnant de son temps pour l'entre aide, et de son énergie comme par exemple refaire le crépissage des maisons; dans tous les cas on peut compter sur l'aide du club chacun à son tour: la devise est "je donne car un jour c'est moi qui aurait besoin d'aide".....
 
 
Les rues de Djenné, on dirait une ville de chateaux de sable, l'effet est magique :
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La grande Mosquée, classée par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité.
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Chaque année, on refait le crépissage de la mosquée, toute la population s'y met. C 'est même le seul jour de l'année durant lequel la mosquée est ouverte aux non-musulmans pourvu qu'ils mettent la main à la pâte... Les poutres en bois qui ressortent des murs sont en fait les échelles qui servent à monter et à accrocher les sacs de boue pour accéder jusqu'en haut des façades.
La mosquée a 5 portes pour les hommes et 3 portes pour les femmes. (tiens pourquoi?)
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Quand les enfants arrivent à 15 ans, ils doivent partir de chez eux pour être indépendants. Les filles vont chez leur grand-mère ou une tante, les garçons eux se trouvent une pièce avec des copains et y vivent en petit groupe. Ces "pièces" ne doivent pas faire partie de la maison familliale, et sont repérables car les portes en sont peintes de couleurs vives, avec toutes sortes d'inscriptions selon la fantaisie des ados qui l'habitent.
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Mouflets :
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Le marché:

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La construction de la ville repose sur une histoire : les murs des maisons s'effondraient au fur et à mesure de leur élévation, alors les habitants ont fait appel au marabout qui a conclu d'aprés certains oracles qu'il fallait sacrifier une jeune fille vierge (comme c'est original !!) pour la construction de la ville. On désigna une jeune fille et l'emmura vivante. Sa tombe est un lieu de prière.
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Les façades de maisons sont construites selon des symboles précis:
le gros auvent au dessus de la porte date du temps ou les enfants pouvaient être enlevés par quelqu'un d'une autre tribu ou d'une autre ethnie afin d'esclavage; ces ennemis étaient à cheval et le auvent épais et bas les empêchait de pénétrer dans la maison, de plus l'entrée de la maison est un sas: on ne rentre pas directement dans la pièce principale .
Au dessus de la porte se trouve symbolisée la famille: les crénaux représentent le nombre d'enfants: ici 5, les petites colonnes en forne de phallus: le principe masculin, les percées: le principe féminin.

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V.V