Première impression: une ville de sable, dans un nuage de sable......
Une ville fantôme, dans un halo de poussière... des ruines... presque personne dans les rues, mais il fait si chaud......
La grande Mosquée...
Dans le même style que celle de Djenné, en terre, dont le crépis est renouvellé chaque année par les fidéles.
La Mosquée de Sankoré, centre universitaire rayonnant dans tout le monde Musulman au XVI siècle...
Une porte est ouverte!! Les Mosquées de Tombouktou sont interdites aux non-musulmans, la "Grande mosquée" ne l'était pas il y a peu, mais devant l'irrespect des touristes infidèles, elle nous est fermée aussi... c'est trés frustrant....
Nous avons eu la chance de visiter des trés belles et historiques mosquées: Damas, Alep, Le Caire, istanbul... la Grande Mosquée de Tombouktou a un attrait magique difficile à réprimer devant ce refus qui nous rappelle notre condition de touristes de base.
Nous sommes les seuls toubabs en en ville à cette période, nous tentons donc notre chance en demandant à rencontrer l'Imam de la Grande mosquée, grand personnage....
Il nous reçoit, nous en sommes trés honorés.
Impressionnés, nous l'écoutons solenellement nous sermoner sur le manque de respect des lieux saints etc...Nous lui renouvellons l'assurance du notre, mais rien à faire.....
La conversation n'en fini plus, entre silence et refus polis...
Intrigué peut être par notre obstination, l'Imam fini par nous expliquer que chacun de ses gestes, chacunes de ses paroles, est soumise au jugement de ses fideles qui en débattent entre eux. Jusqu'il y a peu, il arrivait à maintenir une petite ouverture sur le monde non-musulman, mais il a tant été critiqué, malmené, qu'il a fini par se soumettre et refermer toutes les portes de la Mosquée. Rappelons que se sont les fidéles qui choississent leur Imam, et qu'ils peuvent donc en changer...
Des enfants dans la rue, une trés jolie petite fille, qui porte les bijoux de "coiffe" typiquement tombouktienne.
gros plan sur le bijoux :
Il y a beaucoup de boutiques de photographe au Mali, les devantures sont imaginatives...
Le soir tombe... les deux couleurs de cette ville semblent être le sable et le bleu...
Ce matin, rendez-vous à 7h (les heures pendant lesquelles la chaleur n'est pas encore insoutenable) avec Mr Salem Ould Elhadj, érudit sur l'Histoire Tomboukou, la ville des 333 saints, ancien professeur d'histoire-géo, ancien attaché culturel de la ville.
Un vieux monsieur magnifique, au sourire lumineux, qui parle doctement comme on imagine que devait parler un "Monsieur le Professeur" du temps ou ceux-ci étaient respectés, comme le savoir qu'ils detenaient.
Nous refaisons avec lui le tour des Mosquées, et des blibliothèques, car les manuscrits savants se sont transmis de descendants en descendants, et ici une famille sur trois en possèdent de trés vieux. L'époque glorieuse de la ville ne repose pas sur son faste ou son architecture, et j'étais un peu déçue par son aspect, même si je le savais. La gloire de Tombouktou repose sur son rayonnement intellectuel et scientifique grâce à une religion qui le permettait et même le prônait, à une époque où l'Europe s'engourdissait dans l'obscurantisme.
Il est tôt, les femmes cuisent leurs pains dans le four à l'exterieur de la maison, les fours sont privés mais quand la femme de la maison a terminé sa cuisson, n'importe qui peut y faire cuire son propre pain.
À Tombouktou les portes sont pleines de symboles: l'anneau pour frapper à la porte ne doit être manipulé que par le mari, comme ça tout le monde sait et se prépare car l'Homme de la maison arrive, et seule la femme doit lui ouvrir. Les carrés en métal et en, peinture rouge qui l'ornent, symbolisent le principe masculin et féminin (rouge pour le sang de la femme); les charnières en forme de colombes: la paix, dans la maison et dans le monde. Il y a aussi des trous percés dans la porte, qui servent d'oeilletons. L'encadrement est peint avec des versets ou des précepts.
celle-ci est trés vieille:
Mr Salem Ould Elhadj est connu et repecté, d'anciens élèves viennent le saluer avec émotion.
Nous retournons vers la Mosquée de Sankoré et il nous raconte la splendeur passé de Tombouktou, le sage Ahmed Baba (1553-1627, savant et scientifique) figure emblématique de la ville qui fit fuir Al Farouk (grâce de ses lumières intellectuelles) le mauvais génie (de l'obscurantisme) blanc sur son cheval blanc qui terrorisait la ville dès la nuit tombée. Les différentes colonisations, la plus longue est la marocaine, la dernière étant celle de la France.
Il y a encore deux ou trois maisons d'explorateurs. La ville était interdite aux non-musulmans, d'où la fascination transmise de récits en livres et notes de voyages que ramenaient les explorateurs qui réussissaient à l'approcher ...
TOMBOUKTOU, rien que le nom résonne de mystères et de magie, et c'est bien sûr cette interdiction séculaire qui a fait fantasmer des générations d'écrivains . Le seul explorateur ayant réussi à ressortir vivant de la ville interdite est René Caillié, un Français. Il avait passé des années en Egypte à apprendre la langue Arabe, et il a réussi à s'installer à Tombouktou.
Mr Salem Ould Elhadj explique ainsi que la France ai pu coloniser la ville, car Grâce à lui l'armée avait des plans...
Mais les avis sur cette question divergent, d'aucun pense que l'on a jamais eu besoin de plan de cette ville pour la conquérir depuis des siècles, et que d'autres explorateurs rusés (et plus discrets) en étaient ressortis vivant....
Nous avons passé deux heures passionnantes avec Mr Salem Ould Elhadj, à présent il s'en va donner une conférence sur le thème: "Les femmes, artisannes de la paix", thème qui lui tient fort à coeur...
Maintenant nous allons vers le désert....
À l'orée, des tentes de "Bela", tribu traditionnellement esclave des Touarehg, à présent ils travaillent chez eux, ou pour eux...
Le désert autour de Tombouktou est planté, grâce à des fonds japonnais, pour freiner la progression du sable qui enlise inéxorablement la ville ...
Même si ça ne rend rien en photo, ce sable à perte de vue, que l'on devine pourtant habité, quadrillé, par les nomades Touaregh et autres... ce silence... je comprend maintenant cette notion "d'appel du désert"....