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11/06/2006

Tombouktou

TOMBOUKTOU !!!!!!!!

Première impression: une ville de sable, dans un nuage de sable......

Une ville fantôme, dans un halo de poussière... des ruines... presque personne dans les rues, mais il fait si chaud......

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La grande Mosquée...
Dans le même style que celle de Djenné, en terre, dont le crépis est renouvellé chaque année par les fidéles. 
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La Mosquée de Sankoré, centre universitaire rayonnant dans tout le monde Musulman au XVI siècle...
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Une porte est ouverte!! Les Mosquées de Tombouktou sont interdites aux non-musulmans, la "Grande mosquée" ne l'était pas il y a peu, mais devant l'irrespect des touristes infidèles, elle nous est fermée aussi... c'est trés frustrant....
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Nous avons eu la chance de visiter des trés belles et historiques mosquées: Damas, Alep, Le Caire, istanbul... la Grande Mosquée de Tombouktou a un attrait magique difficile à réprimer devant ce refus qui nous rappelle notre condition de touristes de base.
Nous sommes les seuls toubabs en en ville à cette période, nous tentons donc notre chance en demandant à rencontrer l'Imam de la Grande mosquée, grand personnage....
Il nous reçoit, nous en  sommes trés honorés.
Impressionnés, nous l'écoutons solenellement nous sermoner sur le manque de respect des lieux saints etc...Nous lui renouvellons l'assurance du notre, mais rien à faire..... 
La conversation n'en fini plus, entre silence et refus polis...
Intrigué peut être par notre obstination, l'Imam fini par nous expliquer que chacun de ses gestes, chacunes de ses paroles, est soumise au jugement de ses fideles qui en débattent entre eux. Jusqu'il y a peu, il arrivait à maintenir une petite ouverture sur le monde non-musulman, mais il a tant été critiqué, malmené, qu'il a fini par se soumettre et refermer toutes les portes de la Mosquée. Rappelons que se sont les fidéles qui choississent leur Imam, et qu'ils peuvent donc en changer...
 
Des enfants dans la rue, une trés jolie petite fille, qui porte les bijoux de "coiffe" typiquement tombouktienne. 
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gros plan sur le bijoux : 
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Il y a beaucoup de boutiques de photographe au Mali, les devantures sont imaginatives... 
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Le soir tombe... les deux couleurs de cette ville semblent être le sable et le bleu... 
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Ce matin, rendez-vous à 7h (les heures pendant lesquelles la chaleur n'est pas encore insoutenable) avec Mr Salem Ould Elhadj, érudit sur l'Histoire Tomboukou, la ville des 333 saints, ancien professeur d'histoire-géo, ancien attaché culturel de la ville.
Un vieux monsieur magnifique, au sourire lumineux, qui parle doctement comme on imagine que devait parler un "Monsieur le Professeur" du temps ou ceux-ci étaient respectés, comme le savoir qu'ils detenaient.
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Nous refaisons avec lui le tour des Mosquées, et des blibliothèques, car les manuscrits savants se sont transmis de descendants en descendants, et ici une famille sur trois en possèdent de trés vieux. L'époque glorieuse de la ville ne repose pas sur son faste ou son architecture, et j'étais un peu déçue par son aspect, même si je le savais. La gloire de Tombouktou repose sur son rayonnement intellectuel et scientifique grâce à une religion qui le permettait et même le prônait, à une époque où l'Europe s'engourdissait dans l'obscurantisme.
 
Il est tôt, les femmes cuisent leurs pains dans le four à l'exterieur de la maison, les fours sont privés mais quand la femme de la maison a terminé sa cuisson, n'importe qui peut y faire cuire son propre pain. 
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À Tombouktou les portes sont pleines de symboles: l'anneau pour frapper à la porte ne doit être manipulé que par le mari, comme ça tout le monde sait et se prépare car l'Homme de la maison arrive, et seule la femme doit lui ouvrir. Les carrés en métal et en, peinture rouge qui l'ornent, symbolisent le principe masculin et féminin (rouge pour le sang de la femme); les charnières en forme de colombes: la paix, dans la maison et dans le monde. Il y a aussi des trous percés dans la porte, qui servent d'oeilletons. L'encadrement est peint avec des versets ou des précepts.
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celle-ci est trés vieille:
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Mr Salem Ould Elhadj est connu et repecté, d'anciens élèves viennent le saluer avec émotion.
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Nous retournons vers la Mosquée de Sankoré et il nous raconte la splendeur passé de Tombouktou, le sage  Ahmed Baba (1553-1627, savant et scientifique) figure emblématique de la ville qui fit fuir Al Farouk (grâce de ses lumières intellectuelles) le mauvais génie (de l'obscurantisme)  blanc sur son cheval blanc  qui terrorisait la ville dès la nuit tombée. Les différentes colonisations, la plus longue est la marocaine, la dernière étant celle de la France.
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Il y a encore deux ou trois maisons d'explorateurs. La ville était interdite aux non-musulmans, d'où la fascination transmise de récits en livres et notes de voyages que ramenaient les explorateurs qui réussissaient à l'approcher ...
TOMBOUKTOU, rien que le nom résonne de mystères et de magie, et c'est bien sûr cette interdiction séculaire qui a fait fantasmer des générations d'écrivains . Le seul explorateur ayant réussi à ressortir vivant de la ville interdite est René Caillié, un Français. Il avait passé des années en Egypte à apprendre la langue Arabe, et il a réussi à s'installer à Tombouktou.
Mr Salem Ould Elhadj explique ainsi que la France ai pu coloniser la ville, car Grâce à lui l'armée avait des plans...
Mais les avis sur cette question divergent, d'aucun pense que l'on a jamais eu besoin de plan  de cette ville pour la conquérir depuis des siècles, et que d'autres explorateurs rusés (et plus discrets) en étaient ressortis vivant.... 
 
Nous avons passé deux heures passionnantes avec Mr Salem Ould Elhadj, à présent il s'en va donner une conférence sur le thème: "Les femmes, artisannes de la paix", thème qui lui tient fort à coeur...
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Maintenant nous allons vers le désert....
À l'orée, des tentes de "Bela", tribu traditionnellement esclave des Touarehg, à présent ils travaillent chez eux, ou pour eux... 
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Le désert autour de Tombouktou est planté, grâce à des fonds japonnais, pour freiner la progression du sable qui enlise inéxorablement la ville ...
Même si ça ne rend rien en photo, ce sable à perte de vue, que l'on devine pourtant habité, quadrillé, par les nomades Touaregh et autres...  ce silence... je comprend maintenant cette notion "d'appel du désert"....
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V.V.

05/06/2006

Mali part 4: sur la route de Tombouktou.

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400 kilomètres entre Mopti et Tombouktou, dont 200 de piste: 7 heures de route !
Nous sommes partis tôt ce matin avec Dramane le jeune chauffeur et son vieux 4X4 (vieux mais fiable!).
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 Malgré la chaleur nous devons rouler les fenêtres presque fermées, car le sable dessèche tout et s'infiltre partout, de plus Dramane roule vite, je ne pensais pas que l'on puisse rouler si vite sur une piste aussi défoncée, il a de trés vifs et bons reflexes pour slalomer entre les ornières énormes ou éviter de s'ensabler. Dramane nous explique que la piste est belle, et qu'il n'y a pas si longtemps qu'elle existe, avant il fallait rejoindre Tombouktou au "feeling" !!
Tout ce désert à traverser est innondé pendant la "bonne saison": la saison des pluies. On a beaucoup de mal à l'imaginer..... La seule preuve tangible pour visualiser tous ces kilomètres de désert en immensité d'eau, ce sont les nombreuses termitières: elles sont trés hautes et rongées à leur base d'une façon qui ne peut être fait que par le travail de l'eau....
Pour prendre la piste il faut prévoir des bidons d'eau en quantité supérieure à notre nécéssité, et nous allons vite comprendre pourquoi:
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Nous allons rencontrer 4 camions en panne ! À chaque fois Dramane s'arrête, bien sur. Il leur laisse de l'eau quand il ne peut pas réparer leur camion, car Dramane est un trés bon mécanicien, je vais m'en rendre compte au fur et à mesure des dépannages: trés bon et consciencieux...Nous avons de la chance de l'avoir comme chauffeur!!
Il y a quelques rares villages, là un village de "Bela" :
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Ce qui ressemble tant à un désert est peuplé. Lors d'un arrêt pour un autre camion, le chauffeur expliquait à Dramane qu'il attendait depuis la veille les réparateurs, et qu'il avait de l'eau mais plus rien à manger, Dramane avait aussi prévu une belle quantité de mangues dont il lui a laissé une partie. Le chauffeur était tranquillement installé au bord de la piste, à l'ombre d'un arbre, 2 Touaregh l'avaient rejoint, ils prennaient le thé...... combien de temps, de jours lui faudrait-il attendre??? Cela n'avait pas l'air de l'inquiéter, il attend, c'est tout.....
Nous arrivons à ce qu'il reste du fleuve en cette saison, et nous allons le traverser avec le "bac":
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Sur le "bac" et comme partout en ville, des affiches de Kadafi qui était venu peu de temps avant lors d'un sommet africain se tenant à Tombouktou. Les avis sur le personnage sont trés partagés, d'aprés ce que j'ai pu constater.
Le Mali est une démocratie, mais l'Islam y est trés présent et l'excision trés courante ainsi qu'un genre d' écoles "islamiques" dans lesquels les enfants, aprés leurs heures de cours à apprendre par coeur les versets, doivent aller mendier dans la rue pour se nourrir et payer le Marabout....
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V.V

04/05/2006

Bamako Blues

Quelques rencontres avec des musiciens maliens.

 

A peine descendus de l'avion, on se retrouve à l'Académia. Un petit café dans la périphérie de Bamako. L'équivalent du Vanilla Café au Pré pour ceux qui connaissent. 30 personnes au grand maximum. Quelques musiciens commencent à chauffer la salle. Débarque Lobi Traoré, un bluesman malien dont nous avons un disque ici. Il vient juste de terminer son poulet grillé mangé dans la gargotte du coin de la rue et s'installe au milieu de ces musiciens. S'en suit 1h30 de blues du cru, lent, mélodieux, mais puissant malgré tout....un vrai bonheur. On ne pouvait espérer meilleure entrée en matière.
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Quelques jours plus tard, un ami malien nous emmène chez Toumani Diabaté, un maître de la Kora, comme cela, quasiment à l'improviste. Il est en train de répéter avec 20 musiciens car il part le lendemain en tournée en Europe (pour info, il sera le 11 mai au Cabaret Sauvage à Paris, nous y serons également). Il interrompt quelques minutes sa répétition pour nous recevoir. Il n'a pas vraiment le temps de répondre à nos questions mais propose un rendez-vous à Paris.

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Nous le laissons à sa répétition, déja très impressionnés qu'il nous ait accordé ces vingt minutes sporadiquement interrompues des sonneries de ses 2 téléphones portables. Les musiciens attendent, 2 ou 3 guitares, la basse, la batterie, les xylophones, les ngonis et autres djembés. Une unique kora, la sienne. Pour ceux qui souhaitent le découvrir, ce disque magnifique "in the heart of the moon" enregistré en 2005 avec Ali Farka Touré peu de temps avant la disparition de ce dernier.
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2 rendez-vous ratés également. Le premier avec Boubacar Traoré, dit Kar-Kar, l'un des précurseurs de la musique ne provenant pas des griots, dépositaires ancestraux des musiques traditionnelles. Malgré le rendez-vous donné par un membre de sa famille, Kar-Kar était aux champs, cultivant sa terre. Sa demeure est simple et son fils nous invite à l'attendre jusqu'à son retour de ses terres, à la tombée de la nuit. Etant en début d'après-midi, nous proposons de lui téléphoner dans la soirée. Le rappelant par l'intermédiaire d'un ami malien, il nous fait comprendre qu'il mène une vie simple aujourd'hui et ne souhaite pas spécialement parler de sa carrière. Nous n'insistons pas bien que notre ami promette qu'il nous recevra quand même si nous retournons le voir. Pas de forcing, juste la sensation de l'avoir froler. Et cela n'empèche en rien de continuer à se délecter de sa musique.
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Nous nous rendons ensuite chez Tiken Jah Fakoli, notre ami le connaissant personnellement. Il se repose, revenant le matin de Mopti et reprenant le soir même l'avion pour Paris. Même s'il ne faisait pas parti des musiciens que nous souhaitions rencontrer, la virulence de ses textes m'avait interpellé depuis mon périphérique parisien. Sa voix s'élève au dessus des autres pour denoncer les règles en vigueur dans les politiques africaines (dirigeants africains et occidentaux). Ceux qui s'interessent un minimum à l'Afrique ne peuvent pas lui donner tord. Très peu de poches extrèmement pleines, un maximum de poches complètement vides, sous le regard bienveillant de ceux pour qui nous votons et des patrons de multinationales qui les entourent. Heureusement que cette voix forte existe. Cela pourra-t-il durer, cela servira-t-il à une quelconque amélioration ????? Je regrète à postériori de ne pas avoir pu discuter de cela avec lui.
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Pour finir l'image de ce vieux musicien jouant au sein d'une petite formation chargée de mettre l'ambiance dans un hotel de la capitale. Cette dégaine, ce regard, la vielle Gibson élimée, et surtout cette impression que nous le rencontrerons à nouveau, certainement dans une boite de blues de la Nouvelle Orléans.
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Th. V