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04/05/2006

Bamako Blues

Quelques rencontres avec des musiciens maliens.

 

A peine descendus de l'avion, on se retrouve à l'Académia. Un petit café dans la périphérie de Bamako. L'équivalent du Vanilla Café au Pré pour ceux qui connaissent. 30 personnes au grand maximum. Quelques musiciens commencent à chauffer la salle. Débarque Lobi Traoré, un bluesman malien dont nous avons un disque ici. Il vient juste de terminer son poulet grillé mangé dans la gargotte du coin de la rue et s'installe au milieu de ces musiciens. S'en suit 1h30 de blues du cru, lent, mélodieux, mais puissant malgré tout....un vrai bonheur. On ne pouvait espérer meilleure entrée en matière.
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Quelques jours plus tard, un ami malien nous emmène chez Toumani Diabaté, un maître de la Kora, comme cela, quasiment à l'improviste. Il est en train de répéter avec 20 musiciens car il part le lendemain en tournée en Europe (pour info, il sera le 11 mai au Cabaret Sauvage à Paris, nous y serons également). Il interrompt quelques minutes sa répétition pour nous recevoir. Il n'a pas vraiment le temps de répondre à nos questions mais propose un rendez-vous à Paris.

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Nous le laissons à sa répétition, déja très impressionnés qu'il nous ait accordé ces vingt minutes sporadiquement interrompues des sonneries de ses 2 téléphones portables. Les musiciens attendent, 2 ou 3 guitares, la basse, la batterie, les xylophones, les ngonis et autres djembés. Une unique kora, la sienne. Pour ceux qui souhaitent le découvrir, ce disque magnifique "in the heart of the moon" enregistré en 2005 avec Ali Farka Touré peu de temps avant la disparition de ce dernier.
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2 rendez-vous ratés également. Le premier avec Boubacar Traoré, dit Kar-Kar, l'un des précurseurs de la musique ne provenant pas des griots, dépositaires ancestraux des musiques traditionnelles. Malgré le rendez-vous donné par un membre de sa famille, Kar-Kar était aux champs, cultivant sa terre. Sa demeure est simple et son fils nous invite à l'attendre jusqu'à son retour de ses terres, à la tombée de la nuit. Etant en début d'après-midi, nous proposons de lui téléphoner dans la soirée. Le rappelant par l'intermédiaire d'un ami malien, il nous fait comprendre qu'il mène une vie simple aujourd'hui et ne souhaite pas spécialement parler de sa carrière. Nous n'insistons pas bien que notre ami promette qu'il nous recevra quand même si nous retournons le voir. Pas de forcing, juste la sensation de l'avoir froler. Et cela n'empèche en rien de continuer à se délecter de sa musique.
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Nous nous rendons ensuite chez Tiken Jah Fakoli, notre ami le connaissant personnellement. Il se repose, revenant le matin de Mopti et reprenant le soir même l'avion pour Paris. Même s'il ne faisait pas parti des musiciens que nous souhaitions rencontrer, la virulence de ses textes m'avait interpellé depuis mon périphérique parisien. Sa voix s'élève au dessus des autres pour denoncer les règles en vigueur dans les politiques africaines (dirigeants africains et occidentaux). Ceux qui s'interessent un minimum à l'Afrique ne peuvent pas lui donner tord. Très peu de poches extrèmement pleines, un maximum de poches complètement vides, sous le regard bienveillant de ceux pour qui nous votons et des patrons de multinationales qui les entourent. Heureusement que cette voix forte existe. Cela pourra-t-il durer, cela servira-t-il à une quelconque amélioration ????? Je regrète à postériori de ne pas avoir pu discuter de cela avec lui.
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Pour finir l'image de ce vieux musicien jouant au sein d'une petite formation chargée de mettre l'ambiance dans un hotel de la capitale. Cette dégaine, ce regard, la vielle Gibson élimée, et surtout cette impression que nous le rencontrerons à nouveau, certainement dans une boite de blues de la Nouvelle Orléans.
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Th. V

03/05/2006

MALI, Djenné


Nous prîmes l'avion pour aller de Bamako à Mopti et rejoindre Djenné en vieux 4 fois 4... l'avion était certes à hélices, mais il volait gracieusement et sans heurt !!!!!! et comme on devait faire encore d'autres trajets en avion, nous en fûmes fort soulagés.............

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En plus l'hotesse était si belle que je l'ai prise en photo ::
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C'est la saison sèche, le fleuve c'est évaporé et les habitants de la ville profitent de la boue fertile sous la croute de terre du lit du fleuve pour y cultiver leur potager et fabriquer des briques.
Les maisons de Djenné sont en briques de gadoue mélangée à de la paille et séchées au soleil.
A présent les briques sont faites à la "française" de forme rectangle, héritage de la colonisation; avant elles étaient rondes moulées à la main.
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Une fois les maisons construites en briques de terre, on les recouvre de boue protectrice (crépissage) que l'on doit renouveller chaque année.
Les "clubs" de toutes sortes ont une grande importance au Mali, ce sont des associations d'amis ou de relations, chacun participe financièrement à un "tronc commun", mais aussi en donnant de son temps pour l'entre aide, et de son énergie comme par exemple refaire le crépissage des maisons; dans tous les cas on peut compter sur l'aide du club chacun à son tour: la devise est "je donne car un jour c'est moi qui aurait besoin d'aide".....
 
 
Les rues de Djenné, on dirait une ville de chateaux de sable, l'effet est magique :
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La grande Mosquée, classée par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité.
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Chaque année, on refait le crépissage de la mosquée, toute la population s'y met. C 'est même le seul jour de l'année durant lequel la mosquée est ouverte aux non-musulmans pourvu qu'ils mettent la main à la pâte... Les poutres en bois qui ressortent des murs sont en fait les échelles qui servent à monter et à accrocher les sacs de boue pour accéder jusqu'en haut des façades.
La mosquée a 5 portes pour les hommes et 3 portes pour les femmes. (tiens pourquoi?)
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Quand les enfants arrivent à 15 ans, ils doivent partir de chez eux pour être indépendants. Les filles vont chez leur grand-mère ou une tante, les garçons eux se trouvent une pièce avec des copains et y vivent en petit groupe. Ces "pièces" ne doivent pas faire partie de la maison familliale, et sont repérables car les portes en sont peintes de couleurs vives, avec toutes sortes d'inscriptions selon la fantaisie des ados qui l'habitent.
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Mouflets :
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Le marché:

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La construction de la ville repose sur une histoire : les murs des maisons s'effondraient au fur et à mesure de leur élévation, alors les habitants ont fait appel au marabout qui a conclu d'aprés certains oracles qu'il fallait sacrifier une jeune fille vierge (comme c'est original !!) pour la construction de la ville. On désigna une jeune fille et l'emmura vivante. Sa tombe est un lieu de prière.
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Les façades de maisons sont construites selon des symboles précis:
le gros auvent au dessus de la porte date du temps ou les enfants pouvaient être enlevés par quelqu'un d'une autre tribu ou d'une autre ethnie afin d'esclavage; ces ennemis étaient à cheval et le auvent épais et bas les empêchait de pénétrer dans la maison, de plus l'entrée de la maison est un sas: on ne rentre pas directement dans la pièce principale .
Au dessus de la porte se trouve symbolisée la famille: les crénaux représentent le nombre d'enfants: ici 5, les petites colonnes en forne de phallus: le principe masculin, les percées: le principe féminin.

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V.V



30/04/2006

Bamako - Studio Malick

 Malik Sidibé

Très belle rencontre ce mardi matin d'Avril avec un des grands maîtres de la photographie malienne. Il nous reçoit avec un grand sourire, nous parle avec spontanéïté comme si nous étions des amis de longue date, s'enquiert de nos origines, de notre présence et de notre parcours au Mali, de nos passions également m'ayant vu débarquer avec ma basse, des raisons de notre présence chez lui. Je lui explique que je connais son travail depuis qu'il avait été publié en 1995 dans "La Revue Noire". Il se dit très honoré que nous ne l'ayons pas oublié depuis lors.

Durant ces palabres, il charge son 6x6 avec lenteur et décontraction, assis devant sa boutique, et accepte naturellement que nous le photographions. Il est salué au passage par l'ensemble des personnes et voisins passant devant la boutique. Nous profitons de la brêve venue d'un ami pour visiter sa boutique et son studio.
La vue du studio est très émouvante, la même émotion que celle ressentie lors de la découverte de ces photos, il y une dizaine d'années. La séance débute, simple, rapide. Le processus est rodé. Il nous photographie ensemble, puis l'un après l'autre, se limitant à donner quelques indications sur une position de main ou de pied.
Nous nous quittons sur la promesse d'une rencontre à Paris lors d'un de ses prochains déplacements. Malgré la chaleur de la rue, nous ressentons le besoin de marcher un peu avant de sauter dans un taxi, de bien enregistrer le moindre instant de l'heure exceptionnelle que nous venons de vivre. La rencontre d'un vieux sage.
Th. V

11:55 Publié dans Malik Sidibé | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyage, photos, Artiste, Photographe, Afrique, Mali, MalikSidibé | |  Facebook